Attention, article divagations divagantes s’il en est !
Je ne saurais trop vous dire pourquoi me retrouver face à ce papillon m’a renvoyé une image d’enfermement, rappelé des témoignages de proches, des histoires lues de-ci de-là voire dans l’actualité récente, de familles fuyant la guerre, de manifestations allant jusqu’à la grève de la faim (salariés de l’hôpital du Rouvray, un des plus grands centres psychiatriques de France), des documentaires à charge, des navires chargés de vies en suspend…
Une question de métamorphose peut-être ?
Asile
Ce mot, on l’utilise beaucoup plus maintenant dans le sens du droit d’asile, là où ce mot est sensé signifier un refuge, un lieu hors du danger.
L’asile, c’était aussi, quand il était suivi « d’aliénés », le lieu où l’on gardait les personnes souffrant de maladies mentales, ce que l’on désigne donc aujourd’hui par les hôpitaux psychiatriques, les « HP ». Il y a d’ailleurs trois façons à ma connaissance de prononcer ces deux lettres : rapide et neutre (simple indication), dédaigneuse (insultante) ou désespérée (malades ou leurs proches), mais jamais enthousiaste 🙁 .
Que ce soit dans le sens humanitaire ou médical (est-ce vraiment si différent au fond d’ailleurs…), l’idée à la base est de pouvoir changer sa situation. Se métamorphoser grâce à un cocon pour devenir ou redevenir ce que l’on veux être ou doit être pour vivre en société.
NB : pour un débat sur la normalité, tout à fait dans le thème et méritant d’être posé, merci de repasser le 29 février prochain, j’aurai peut-être le courage…
Chercher asile : veut-on dire la même chose ?
Chercher asile n’a pas le même sens pour tous, j’ai déjà fait une distinction humanitaire et médicale, cependant cela dépend aussi de la période concernée.
Nous sommes nombreux je pense à avoir entendu parler du droit d’asile dans les églises qui protégeait qui y entrait durant l’époque médiévale et à avoir fait un lien plus ou moins conscient avec l’utilisation moderne du terme… évolution… déformation… tout ça tout ça. Sauf qu’en fait c’est un peu plus subtil que ça si j’en crois mes quelques lectures en diagonales.
Voici les grandes lignes de ce que j’en retiens :
1 – la notion d’asile ne date pas d’hier, mais au moins de la Grèce antique
Durant l’Antiquité, la Grèce avait des lieux qu’il était interdit de piller durant les guerres, à la suite d’une déclaration dite « d’asylie ». Ces lieux, généralement des sanctuaires religieux , devenant ipso facto des refuges.
2 – la loi de l’Église s’est faite sur le tas
La version chrétienne se fixe au début du Vème siècle, alors qu’il était devenu de plus en plus commun que des individus entrent dans des églises et déclarent y être temporairement sous la protection de Dieu. Une forme de coutume s’installe et se voit transformée en loi. Par la suite, si les critères à remplir pour pouvoir bénéficier de cette protection varient selon la volonté des souverains (roi de France ou Pape, même combat) de montrer leur toute puissance, le fait est que ce droit d’asile chrétien dans les édifices consacrés va perdurer.
3 – les règles en vigueur ont varié
Comme beaucoup de notions mêlant religion et droit, il se trouve des réglementations assez précises, changeantes et amusantes parfois dont une qui renforce l’impression d’avoir un jeu façon chat perché. Voici donc que lors du Concile de Clermont (1095), grande réunion convoquée par le pape Urbain II (il la terminera d’ailleurs par un discours qui va contribuer à déclencher la première croisade, donc pas la réunion Tupperware pour discuter de la qualité du vin de messe), est décidé que « celui qui enlace une croix touche un asile aussi inviolable que s’il s’était réfugié dans une église. » Donc si vous vous voyiez en bord de chemin une croix dressée et que vous aviez dérobé la bourse du méchant seigneur du coin façon Robin des bois, il vous suffisait (en théorie, je suppose que la pratique pouvait être un peu risquée) de grimper faire un câlin à la pierre et de crier « perché » (blague, hein 😉 ).
4 – Il y a aussi l’asile façon « chambre d’amis pour les copains » version têtes couronnées
Les puissants pouvaient également donner asile à leurs alliés de manière marginale évidemment, mais cela procède plus d’une permission de séjour que de l’impunité totale.
Au milieu du XVIème siècle, le pouvoir du roi de France est tel qu’il peut se permettre de taper du poing sur la table et de décider de mettre fin à cette tradition chrétienne qui va dès lors peu à peu disparaître…
C’était donc surtout un privilège de l’Église qui aidait les gens qui venait auprès d’elle (physiquement ici)
et qui ne faisait pas forcément (voire pas du tout) cas de la moralité du demandeur
6 – La notion d’asile va muter avec les grands mouvements de populations du XXème siècle
Le basculement généralisé va se faire en réaction aux guerres mondiales ainsi qu’aux grandes famines soviétiques et à leurs flots de réfugiés. Des initiatives sont mises en place pour faciliter une gestion plus humaine de ces gens avec des solutions comme le passeport Nansen, spécialement attribué aux apatrides . Un passeport bien moins compliqué à obtenir et restrictif que tout ce que pouvait espérer jusque-là quelqu’un fuyant un conflit. D’ailleurs son créateur, Fridtjof Wedel-Jarlsberg Nansen recevra le prix Nobel de la paix pour son engagement en 1922 et l’Office international Nansen pour les réfugiés (géré par la Société des Nations alors) le recevra aussi en 1938.
Depuis 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme est passée par là et dans ses articles 13 et 14 est inscrite la liberté de circuler et celle de trouver refuge ailleurs comme un droit qui s’il n’a pas une réelle portée juridique, sera repris dans la conception morale des démocraties modernes et parfois transcrit dans leurs lois nationales.
L’asile devient donc un droit de la personne, qui n’est délivré cependant que sous critères de moralité (pour faire simple).
Si l’endroit où l’on cherche asile n’est malheureusement pas toujours un lieu propice à la métamorphose, il est important d’essayer d’en fournir les conditions pour qui a besoin d’un refuge, qu’il soit médical, économique, affectif, politique… ou tant d’autres qualificatifs qui ne traduisent au fond qu’une facette de ce qui est vital.
Merci d'avance !
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Merci Mealin . Je ne me sépare plus de ce lieu. Vous êtes épatant !
C’est gentil même si un peu trop enthousiaste peut-être pour que je sois à complètement à l’aise avec votre commentaire 😉