Une de mes marottes en visitant les musées consiste à repérer les œuvres, très souvent des peintures, où des livres sont représentés.
J’aime voir les différentes méthodes employées pour donner l’impression d’une accumulation de pages, l’illusion de la souplesse de la feuille, mais aussi à quel point l’artiste s’est attaché à lui donner un semblant de contenu ou pas.
Loin d’être insensible au côté « meta » (une chose parlant d’elle-même grosso modo pour ceux qui ne connaîtraient pas le terme) qui m’amuse toujours beaucoup quel que soit le domaine, je tire un plaisir tout particulier à scruter les œuvres d’art qui illustrent les livres représentés sur des peintures elles-mêmes œuvres d’art à part entière. Un peu comme d’autres prennent un malin plaisir (ce qui est d’ailleurs très utile pour l’histoire de l’art) à repérer les tableaux représentés dans d’autres tableaux. Un des exemples assez connu et que j’aime bien ressortir à ce sujet est celui du portrait de Zola par Manet : outre l’Olympia, on remarque un morceau de Goya qui dépasse à côté d’une estampe japonaise…
Ah, tiens mais c’est qu’il tiendrait même un livre ouvert le Zola !
Aujourd’hui, j’ai simplement envie de vous partager quelques-une de mes représentations préférées et pourquoi ne pas commencer par ma chouchoutte ?
Je suis on ne peut plus fan de la nonchalance avec laquelle l’agneau laisse tomber sa patte sur la tranche.
Ici c’est surtout l’attention portée à la signification du relief : ombrages, l’apparition de quelques lignes sous la page de gauche, la courbure…
Jérôme, traducteur de la Bible, le best-seller des best-sellers, prend systématiquement la pose avec celle-ci ou est en train d’écrire. Un bon pourvoyeur pour la thématique du jour 🙂
Aucun doute au vu de la finesse du travail, le peintre n’a pas simplement casé du livre comme attribut obligatoire du saint, mais s’en est servi comme prétexte supplémentaire pour démontrer son talent. Cette gueule de l’enfer rejoint les multiples itérations infernales qui me fascinent (à force de vous le rabâcher tout le monde a fini par lire enfers et damnations ou chaud en enfer ?).
J’entends d’ici les cris d’orfraie des défenseurs du livre « comme neuf » devant cette page pliée un brin abruptement, mais pour sa défense avec un bambin dans les bras cela doit être dur de bouquiner tranquille.
Saint Jérôme le retour.
Son fidèle crâne sous la main ;
Toujours plus de livres ;
Avec maintenant une fenêtre ouverte et un miroir pour peigner sa petite mèche…
Le tableau que vous ne voulez pas manquer !
Plus sérieusement cette pratique de noter le nom du livre sur sa tranche ne me paraît pas très courante (avis aux contradicteurs), tout comme la présence d’un marque-page glissé de cette manière. Le memento mori, en plus d’être fortement suggéré par le crâne, la bougie et le sablier, est également explicitement indiqué par le bandeau « cogita mori » (« pense à la mort ») et son cadavre.
Quel plaisir de plonger dans l’histoire de l’éducation à travers ces feuillets 🙂 Servaient-ils simplement à apprendre du vocabulaire, étaient-ils des supports d’enseignements plus généraux ?
Suis-je le seul à trouver que Marie a l’air d’attendre un peu blasée que le petit Jésus ait fini la tété pour reprendre sa lecture ?
L’homme de loi a posé sa perruque non loin pour manger son porridge plus à son aise.
Les sculptures également possèdent parfois ce type de détails 😉
Comme il faut bien conclure…
C’est probablement surtout dans cette dernière que je me reconnais : la lecture au lit, s’endormant à moitié sur un bon bouquin 🙂
et c’est sur cette pensée agréable que je vous laisse en espérant avoir ravi vos yeux et peut-être vous retrouver dans les commentaires !
Merci d'avance !
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